Savoir évaluer la balance bénéfices risques dans la prise en charge de l'otospongiose

Historiquement, la Fondation Rothschild compte parmi les centres de références en chirurgie de l’otospongiose. Des cas assez rares passent par le service ORL. La formation « L’otospongiose : du diagnostic à la réhabilitation auditive » permet d’aborder tout ce qui peut arriver pendant l’intervention.
Dr Mary DAVAL (PH) – ORL, Service ORL du Dr Denis AYACHE – Fondation Adolphe de Rothschild – Paris - France

INVIVOX : L’otospongiose est-elle bien connue des ORL?

Dr M. D. : Oui. En général, ce sont majoritairement des femmes jeunes atteintes d’une surdité acquise et évolutive, rythmée par la vie génitale, à tympan normal. Le diagnostic est assez facile à poser. La prise en charge est moins évidente.

INVIVOX : Cette prise en charge est-elle largement abordée lors de votre formation ? 

Dr M. D. : Oui, 2 traitements sont possibles : la chirurgie et l’appareillage auditif. L’avantage des appareils est qu’ils n’ont jamais rendu sourd ! Au fur et à mesure que l’audition baisse, nous pouvons augmenter le volume jusqu’à ce que peut-être un jour ça ne fonctionne plus. A contrario, la chirurgie est plus efficace avec un son plus naturel mais le risque zéro n’existe pas en chirurgie : après l’intervention, l’audition peut rester la même voire parfois s’aggraver jusqu’à arriver à une surdité totale (cophose). À ce stade, l’appareil auditif classique est inenvisageable. En cas d’échec, l’aspect médico-légal prend de l’importance, donc cette alternative du traitement prothétique par rapport au traitement chirurgical doit être exposé au patient. Nous appuyons beaucoup sur ces aspects lors de la formation. 

INVIVOX : Quelle est la place de la radiologie dans l’otospongiose ?

Dr M. D. : La radiologie occupe une place prépondérante que ce soit pour la recherche de diagnostic différentiel, particularités chirurgicales ou l’aspect pronostic. Le scanner réalisé systématiquement avant l’intervention nous donne énormément d’informations qui nous aident à prévoir les éventuelles difficultés que nous pourrons rencontrer et nous permet d’envisager les résultats que nous pouvons attendre de la chirurgie. 

"« C’est toujours plus simple d’avoir déjà assisté à une intervention compliquée… pour savoir quoi faire si un jour nous rencontrons ce cas de figure»."

INVIVOX : Cette intervention chirurgicale est-elle facile?

Dr M. D. : Une fois maitrisée, elle est généralement assez simple car très codifiée. Mais elle est reste une intervention stressante car il existe ce risque de cophose. Parfois, certaines particularités anatomiques compliquent la chirurgie et nous obligent à adapter notre technique et le choix du matériel. Dans ces cas très particuliers et d’autant plus stressants, les chirurgiens ORL n’ont pas reçu nécessairement de formation au cours de leur cursus.

INVIVOX : Quel type d’intervention allez-vous partager lors de cette formation ?

Dr M. D. : Nous allons montrer, par exemple, un cas de reprise chirurgicale, ce qui est assez rare. La chirurgie donne presque toujours de bons résultats, stables dans le temps mais il peut arriver que le piston se décroche ou que l’enclume sur laquelle le piston est arrimé s’abîme, dans ce cas l’audition des patients se détériore pouvant donner lieu à une nouvelle intervention chirurgicale. Lors de la formation, tous les cas d’échecs et de complications après chirurgie stapédienne seront étudiés.

"« Cette intervention donne de très bons résultats dans plus de 90% des cas mais il existe un risque de cophose pour une intervention qui n’est ni vitale, ni obligatoire puisque l’alternative est l’appareil auditif.»"

NVIVOX : Quel matériel utilisez-vous?

Dr M. D. : La communauté scientifique internationale reconnaît actuellement l’utilisation du laser pour réaliser l’opération. Nous allons expliquer aux participants, qui seront avec nous au bloc opératoire, toutes les étapes : le paramétrage des machines, les différents types de pistons sur lesquels il y a eu des avancées etc., même si, nous utilisons classiquement des pistons en Téflon. Nous restons volontairement sur un matériel classique pour son recul et son accessibilité financière. Idem pour le LASER que nous utilisons qui est financièrement à la portée des ORL qui travaillent en clinique.

INVIVOX : Quelles techniques allez-vous présenter ?

Dr M. D. : La technique qui fait référence est celle de la platinotomie que nous réalisons au LASER Diode, sous anesthésie générale, par voie endaurale. Après décollement du lambeau tympanoméatal et ouverture de la caisse du tympan, nous commençons par vérifier le diagnostic d’otospongiose (palpation de la chaine ossiculaire et visualisation des foyers d’otospongiose).  Il y a également toute une phase d’étude de l’anatomie de l’oreille qui va permettre de savoir si l’intervention va être standard ou pas (étroitesse de la fenêtre ovale, couverture du nerf facial). Nous adaptons notre technique aux contraintes anatomiques.Si le diagnostic est confirmé et que le nerf facial est couvert, nous désarticulons entre l’enclume et l’étrier. Nous sectionnons ensuite le tendon de l’étrier,  nous vaporisons au LASER la branche postérieure de l’étrier puis nous retirons la suprastructure stapédienne. Nous pratiquons la platinotomie afin de pouvoir positionner le piston qui va être glissé dans ce trou et serré sur l’enclume. Enfin nous vérifions la mobilité du montage.

INVIVOX : Abordez-vous le suivi post-opératoire?

Dr M. D. : Nous évoquons le suivi classique d’une intervention standard (durée de convalescence, interdiction aux voyages en avion et TGV). Nous parlons également de tout ce qui peut se passer si l’intervention ne se déroule pas comme prévu (complications, échec, reprise chirurgicale).

INVIVOX : Qu’est-ce qui est le plus compliqué à gérer lors de l’intervention ?

Dr M. D. : C’est de tomber sur le cas de figure rare et de savoir gérer son stress.

INVIVOX : Qu’est-ce que les participants auront acquis lors de votre formation?

Dr M. D. : Suffisamment de connaissances pour aborder cette chirurgie le plus sereinement possible en dépassant leur stress puisque bien préparés à la bonne gestion de tous les événements indésirables possibles.

INVIVOX : Quels sont les points forts de la formation ?

Dr M. D. : Bénéficier de l’expérience d’un centre de référence. Découvrir les trucs et astuces directement au bloc. Être sensibilisé à l’aspect médico-légal. Mettre à jour ses connaissances.

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