"L’enjeu de demain est d’élargir les compétences, donc de former les professionnels de santé"
💬 Le volet santé du Conseil national de la refondation a débuté ce lundi 3 octobre. Qu’en attendez-vous en tant que président de la FFMKR ?
J’espère que ce ne sera pas une pseudo concertation de plus qui accouchera d’une souris, comme cela a malheureusement été le cas avec le Ségur de la santé en 2021 ou la Conférence nationale de santé en 2016 concernant les soins de ville. Il a été dit lundi qu’il n’était pas prévu d’économies sur l’hôpital ; ce qui n’est donc pas pour nous rassurer. Par ailleurs, nous souhaitons un réel décloisonnement des métiers et plus de transversalité. Il y a urgence.
💬 L’accès direct aux kinésithérapeutes peut-il favoriser l'accès aux soins ?
Les protocoles sur l’accès direct dans les maisons de santé sont beaucoup trop lourds à mettre en place, et ceux prévus dans 6 régions annoncés dans la loi Rist, n’ont toujours pas de décret d’application.
Dans ce cadre, nous revendiquons un accès direct aux kinésithérapeutes à l’échelle d’un département, sur l’ensemble du champ des possibles, ce qui permettrait une évaluation pragmatique et efficace. Ceci impliquerait par exemple un accès direct pour les patients en récidive de lombalgie, les entorses de cheville, la bronchiolite du nourrisson… Dès lors qu’une communication claire pourra être faite auprès du grand public, les patients pourront venir vers nous.
Aujourd’hui, des patients avec une entorse vont aux urgences car ils pensent qu’il faut impérativement une radio, perdent des jours avant d’accéder à un médecin généraliste, et finalement arrivent chez le kiné après 8 ou 10 jours, car leur seul besoin immédiat était du paracétamol, une attelle et de la kinésithérapie. Cette errance n’est pas efficiente et l’accès direct aux kinésithérapeutes est donc l’une des clés de l’accès aux soins.
💬 Le nouveau ministre de la Santé et de la Prévention François Braun met le cap sur la prévention, avec notamment des consultations de prévention. Comment les kinésithérapeutes se situent-ils en la matière ?
Nous sommes intimement convaincus de notre rôle en la matière. Auprès des jeunes, nous pourrions prévenir les troubles du rachis, musculo-squelettiques (TMS) et le risque d’obésité, si on nous en donnait les moyens. En entreprise, la prévention des TMS touche à notre cœur de métier ; nous pourrions être complémentaires de la médecine du travail. Nous voudrions par ailleurs pouvoir prescrire de l’activité physique adaptée (APA), afin de prévenir les maladies chroniques, la sédentarité, les TMS. Enfin, nous pourrions nous impliquer dans le bien-vieillir, avec la prévention du risque de chute, l'adaptation de l’environnement de la personne âgée à domicile, et la prévention des TMS des aidants.
💬 Quels sont les enjeux actuels des kinésithérapeutes en termes de formation continue ?
Les spécificités d’exercice sont un enjeu majeur. Certains kinésithérapeutes se spécialisent en uro-gynécologie, en kiné respiratoire, en kiné gériatrique, neurologique, du sport etc. Ce qui n'empêche que chaque kiné doit pouvoir prendre en charge les patients sur tout son champ de compétences, dans chaque territoire.
Les kinésithérapeutes ont un diplôme d’Etat (DE) leur permettant d’exercer sur l’ensemble du champ de compétences, puis suivent des formations continues. Notre conseil national de l’Ordre (CNOMK) a dressé la liste des spécificités que l’on peut revendiquer et afficher. Le conseil national professionnel (CNP) est en train d’édicter des recommandations en matière de formation continue. L’enjeu est que des moyens suffisants soient maintenus auprès de l’Agence nationale du développement professionnel continu (ANDPC), afin de pouvoir former les kinésithérapeutes. L’enjeu de demain est d’élargir les compétences, donc de former les professionnels de santé.