L’érosion dentaire : une atteinte des tissus dentaires de plus en plus fréquentes, des nouveaux traitements rapides et efficaces

Le phénomène d’érosion, au même titre qu’en géomorphologie, s’observe aussi en dentisterie. L’érosion dentaire touche environ 30% des Français et 73% d’entre eux ignorent que cette usure est irréversible. Contrairement aux idées reçues, le traitement est simplifié grâce aux dernières innovations des matériaux (céramique et composites) et des colles. Des actes simples, que la Société Française de Dentisterie Esthétique - SFDE - a décidé de mettre à l’honneur à l’occasion d’une journée de formation autour d’experts français et européens, et qui va ôter les freins liés à la pratique jugée fréquemment complexe et longue.
Dr Pascal ZYMAN – Chirurgien-dentiste – Président de la Société Française de Dentisterie Esthétique (SFDE).

INVIVOX : Quelle est la vocation de la SFDE ?

Dr Pascal ZYMAN : La Société Française de Dentisterie Esthétique, créée en 1983 par deux dentistes, Bernard Touati et Paul Miara, est reconnue pour l’expertise de ses conférenciers français et internationaux. Le but de la SFDE est de partager des techniques d’excellence tout en approfondissant les connaissances scientifiques et le niveau clinique de chacun. Le sujet, l’érosion des tissus dentaires, n’est pas assez abordé et les dentistes peuvent se montrer réfractaires à traiter ces cas d’érosion qui touchent très souvent un ensemble de dents, une arcade ou même les deux. Or, contrairement aux idées reçues, le traitement bénéficie de la simplification des techniques aujourd’hui. 

INVIVOX : Faut-il être membre de la SFDE pour pouvoir s’inscrire ?

Dr P. Z. : Non, pas besoin d’être membre, la formation est ouverte à tous les étudiants et les dentistes généralistes. Les inscriptions se font directement en ligne.

INVIVOX : Quel est l’intérêt/l’avantage d’organiser cette formation au sein de l’Hôpital Américain ?

Dr P. Z. : Les infrastructures de l’Hôpital Américain sont particulièrement bien adaptées pour ce type de formation. Le gros avantage est que nous pouvons faire les démonstrations en direct du cabinet dentaire qui est relié à la salle de conférence.

INVIVOX : Pourquoi avoir choisi ce thème, l’érosion dentaire ?

Dr P. Z. : Partons du constat que le nombre de caries dentaires est en baisse (meilleure hygiène, motivation des enfants, traitement au fluor…). En revanche, nous observons des agressions nouvelles du tissu dentaire liées aux maladies psychiques comme l’anorexie, la boulimie et aux reflux gastriques. Il y a aussi les personnes atteintes de bruxisme. Cette maladie attaquant toutes les dents, les dentistes s’ils ne sont pas formés, se sentent démunis.

Gauche : dents abrasées. Droite : dents traitées par des composites directs.

INVIVOX : La prise en charge de l’érosion dentaire doit-elle être pluridisciplinaire ?

Dr P. Z. : Oui, c’est la raison pour laquelle, la première conférence est présentée par le Professeur Pierre Colon qui a toujours fait la balance entre données scientifiques et protocoles cliniques. Il va nous expliquer comment traiter les patients atteints d’anorexie ou boulimie sévères. Même sur des cas extrêmes, nous arrivons à agir. Il ne faut pas attendre d’être obligé de dévitaliser et de poser des couronnes, il faut intervenir dès que l’émail commence à être atteint en collant des matériaux qui tiendront dans le temps. Nous travaillons donc en association avec des gastro-entérologues, des diététiciens, des psychiatres… pour essayer d’améliorer le problème et le traiter à la racine. La prise en charge peut donc être, dans certains cas, dentaire et médicale. 

INVIVOX : Quand le diagnostic est posé, que faites-vous ?

Dr P. Z. : À partir du moment où nous avons constaté l’érosion, nous recherchons la cause médicale (ou plusieurs) : qu’est-ce que nous pouvons faire pour que le patient use moins ses dents, puis nous traitons les dents : que coller et avec quelle technique. 

INVIVOX : En quoi les traitements que vous allez présenter sont-ils innovants ?

Dr P. Z. : Nous savons maintenant coller sur une dent et même sur une dent qui a été érodée. Nous ferons le point sur les spécificités des tissus dentaires érodés où l’exposition dentinaire est souvent importante. Les composites actuels se sont améliorés, en résistance mécanique et tout particulièrement sur le plan de l’usure.  Ce qui se dégrade plus rapidement est le joint périphérique de colle en raison de l’acidité et surtout si les patients ne changent pas leurs habitudes. Autre progrès : Le flux numérique. Il est temps de débuter dans l’empreinte optique, que ce soit pour simplement envoyer l’information au céramiste ou pour réaliser au cabinet dentaire une restauration indirecte en composite ou en céramique.

L’empreinte optique permet également d’étudier le cas clinique et de visualiser la quantité de tissus à restaurer. Avec l’aide du céramiste, le dentiste peut également visualiser l’état de la dimension verticale d’occlusion et l’augmenter quand cela est nécessaire.

Gauche : avant traitement par onlays céramiques. Droite : réalisation des onlays céramiques.

INVIVOX : Vous avez fatalement vos trucs et astuces, pouvez-vous nous donner un exemple concret que vous allez partager avec les participants ?

Dr P. Z. : C’est assez stressant et fastidieux de réaliser 8 à 10 restaurations composites directs sur une arcade dentaire. Le Docteur Ricardo Ammannato va montrer la technique directe optimisée qu’il appelle index technique. Elle consiste à prendre une empreinte, faire réaliser un wax-up par le laboratoire de prothèse et fabriquer des clés en silicones transparentes. Ensuite, il coupe de façon spécifique les clés et les place en bouche dent par dent sans erreur de positionnement.

INVIVOX : Qu’est-ce qui peut décider les dentistes généralistes à se lancer dans le traitement de l’érosion ?

Dr P. Z. : Il faut intégrer que cette maladie va être de plus en plus fréquente. Nous pouvons, aujourd’hui, assez simplement traiter ces érosions dentaires en adhérant à ces nouvelles technologiques et en les appliquant sans appréhension. Cette journée de formation est là pour aider à comprendre comment les adhésifs et les matériaux restaurateurs peuvent être assez simplement utilisés avec de très bons résultats.

 

INVIVOX : Quels vont être les bénéfices pour les participants ?

Dr P. Z. : Les participants vont, au détour de cette journée, savoir diagnostiquer, oser et traiter. Ils pourront démarrer en toute tranquillité, rassurés sur le côté technique et scientifique.

Partager