INVIVOX : En tant que centre expert privé dans le secteur biliopancréatique, sur quels programmes de recherche travaillez-vous actuellement ?
Dr Bertrand NAPOLÉON : Nous avons des études et des publications en cours dans de nombreux domaines : la destruction par radiofréquence des tumeurs biliaires et pancréatiques, le bilan diagnostique des kystes pancréatiques par microscopie confocale et pince à biopsie, l’utilisation d’un duodénoscope à usage unique, le drainage biliaire par cholédocoduodénostomie dans les tumeurs biliopancréatiques… Nous menons également des études comparatives des aiguilles à biopsie d’écho-endoscopie.
INVIVOX : Quelles sont les dernières avancées diagnostiques en écho-endoscopie ?
Dr B. NAPOLÉON : Elles concernent le diagnostic des tumeurs kystiques pancréatiques avec la microscopie confocale et l’utilisation de pinces à biopsie (Moray) que nous glissons dans les aiguilles. Ces matériels sont nouveaux et prometteurs. Nous avons également progressé dans l’utilisation des produits de contraste en écho-endoscopie.
INVIVOX : Quelles sont les techniques pour détruire une tumeur ou drainer les pseudokystes pancréatiques et autres obstacles biliaires ?
Dr B. NAPOLÉON : Cette question relève typiquement de l’écho-endoscopie interventionnelle. Pour la destruction de tumeur, la technique actuellement la plus prometteuse est la radiofréquence. Elle se fait sous contrôle écho-endoscopique pour les tumeurs pancréatiques et sous contrôle fluoroscopique et endoscopique pour les tumeurs biliaires. Les gestes de drainage des kystes sont la kystogastrostomie ou la kystoduodénostomie combinée ou non avec des séances de nécrosectomie endoscopique. Le drainage des voies biliaires s’effectue sous contrôle échoendoscopique et endoscopique par voie transbulbaire (cholédoco-duodénostomie) en utilisant des prothèses d’apposition biliaire comme le système Hot AXIOS ou par voie transgastrique (hépaticogastrostomie).
INVIVOX : Les avancées en chimiothérapie, immunothérapie ont-elles modifié votre manière d’aborder l’écho-endoscopie ?
Dr B. NAPOLÉON : Non, car nous ne sommes ni sur le même type de patients, ni sur la même étape de traitement.
INVIVOX : La délivrance d’une chimiothérapie néoadjuvante après obtention d’une preuve histologique est-elle le standard dans la prise en charge des cancers du pancréas opérables ?
Dr B. NAPOLÉON :Oui, ça le devient, même si ça n’est pas encore formellement inclus dans les recommandations. Nous pouvons également réévaluer des tumeurs qui ne sont pas opérables d’emblée après traitement néoadjuvant. Cette indication reste cependant marginale elle n’est pas validée à 100 %.
INVIVOX : Quel est le programme de la journée ?
Dr B. NAPOLÉON : C’est un format classique avec un topo de 2 heures, qui permet d’échanger, puis cinq heures en salle d’endoscopie avec une dizaine de patients pour lesquels il y aura à la fois des gestes diagnostiques (écho-endoscopie, plus ou moins avec prélèvement) et thérapeutiques (drainage des voies biliaires ou de kystes, radiofréquence). Un certain nombre d’actes pourront être visualisés lors de cette formation mais tous ne peuvent pas être garantis à 100 % pour chaque session ; en revanche nous pourrons en discuter. Les participants peuvent également soumettre leurs propres cas cliniques s’ils le souhaitent.
INVIVOX : Quel est le profil des participants ?
Dr B. NAPOLÉON : Nous avons deux profils de participants : ceux qui pratiquent le geste mais qui souhaitent se lancer dans une nouvelle technique et les moins experts qui ont envie d’une mise à jour pratique.
INVIVOX : Quel est le contexte « formation » dans votre discipline ?
Dr B. NAPOLÉON : Depuis une dizaine d’années, les gastro-entérologues se forment dans ces techniques qui sont complémentaires, mais il y a peu de centres formateurs. Il n’y a également que quelques centres endoscopiques capables de proposer un panel varié de l’ensemble des pathologies biliopancréatiques qui sont essentiellement à Paris, Lyon et Marseille, public et privé confondus. Les participants qui viennent à Lyon bénéficieront de ma double expertise reconnue en écho-endoscopie et en cathétérisme biliopancréatique.
INVIVOX : Quels bénéfices vont tirer les participants de cette formation ?
Dr B. NAPOLÉON : Un point clef de cette formation repose sur la diversité des cas rencontrés mais la réflexion sur la problématique organisationnelle du bloc d’endoscopie est également très appréciée par les participants. L’optimisation de l’organisation des flux de patients est un facteur important. C’est très intéressant de voir comment on peut s’organiser pour prendre en charge un certain nombre de patients de manière fluide dans une plage horaire limitée. Les participants repartent souvent avec des idées organisationnelles. Au regard de la problématique d’expertise, le recrutement étant régional, voire national dans certaines pathologies très spécifiques, les participants ont la garantie d’avoir toujours un programme intéressant et varié avec également des pathologies rares. Nous insistons, par exemple, sur la prise en charge des TIPMP, qui est une problématique plus fréquente dans leur pratique quotidienne que les autres sujets abordés. Ils verront également différentes techniques de pointe utilisées dans très peu de centres. Les échanges en petit comité, en salle, et en situation, sont la clef de voûte de la qualité de cet enseignement. C’est aussi l’occasion de réaliser que nous rencontrons les mêmes difficultés.
INVIVOX : Que vont-ils savoir faire concrètement en rentrant chez eux ?
Dr B. NAPOLÉON : Nous pouvons espérer qu’ils aient une meilleure vision des indications, des différents procédés diagnostiques et thérapeutiques disponibles avec l’écho-endoscopie. Ils devraient pouvoir se lancer sur certaines techniques, là où ils hésitaient auparavant. Ils vont aussi réussir à définir jusqu’où ils ont envie d’aller dans leur technique.
INVIVOX : En quoi cette formation DPC est unique en son genre ?
Dr B. NAPOLÉON : Elle offre la possibilité de discuter et de voir un large éventail de pathologies biliopancréatiques et de techniques innovantes. Certaines formations que j’anime d’habitude sont hyper spécifiques, sur un geste, sur une procédure particulière. A contrario, cette formation est plus générale avec une grande variété de dispositifs utilisés et d’indications.
INVIVOX : Invivox, première plate-forme à proposer des journées de formations DPC, va-t-elle, selon vous, amener plus facilement vos confrères à continuer à se former au bloc ?
Dr B. NAPOLÉON : Oui. Potentiellement les médecins peuvent préférer utiliser leurs fonds DPC à passer une journée au bloc une année, et partir en congrès l’année suivante. Auparavant, le DPC se résumait à assister à des congrès. Dans notre spécialité, nous avons beaucoup de gestes endoscopiques. Ces gestes de la pratique quotidienne ne sont pas ceux que je montre durant cette formation DPC. C’est plutôt l’équivalent de ce qu’ils pourraient voir dans des vidéos session, des lives organisés par les Sociétés Savantes.
INVIVOX : Quelle a été votre réaction lorsqu’Invivox vous a proposé ce format unique de formation DPC ?
Dr B. NAPOLÉON : Ça m’a semblé répondre à une demande des praticiens et palier à un manque en formation. Pour preuve , les workshops spécifiques d’une technique que nous organisons font « le plein ». Cette formation DPC sera au rythme d’une par mois. Invivox m’allège de nombreuses contraintes : gérer les inscriptions, les agendas... Je n’ai qu’à préciser mes dates de formation. Le cœur de métier d’Invivox est d’amener vers nous des confrères de toutes nationalités que nous n’aurions jamais rencontrés sinon. Cela permet aussi un petit retour financier pour le travail que nous fournissons en animant ces formations. Nous ne pouvons pas assumer nous-mêmes toutes les tâches accomplies par Invivox. Sans Invivox, nous ne pourrions pas mener à bien ce type de formation. Auparavant les participants nous appelaient, il fallait établir une sélection… C’est du « win/win » : les participants sont heureux d’apprendre et nous d’enseigner.
INVIVOX : A quels besoins en formation permet le DPC de répondre ?
Dr B. NAPOLÉON : Il répond à un besoin de mise à jour d’une sous-spécialité de notre discipline qui bouge beaucoup. Invivox va sans doute permettre à certains confrères de retrouver le plaisir de la formation pratique.
INVIVOX : Quels étaient les freins à la formation continue jusqu’à présent ?
Dr B. NAPOLÉON : Les freins étaient essentiellement liés à l’offre. Les formations faites pendant un congrès sont indispensables mais le côté scolaire (questions avant/après), devant un aéropage de confrères peut rebuter. Avec le DPC sur site, nous pouvons poser directement nos questions à l’expert sans être entouré de 300 personnes et sans devoir prendre le micro dans une salle comble. Avec cette forme de DPC, pratique et échange reviennent sur le devant de la scène.
INVIVOX : En quoi Invivox facilite votre travail de formateur ?
Dr B. NAPOLÉON : Invivox me permet d’être totalement déchargé de toute la partie promotionnelle. Je n’ai plus qu’à me concentrer sur le cœur de ma formation. Invivox me prévient du nombre d’inscrits donc je sais à quoi m’en tenir et me permet d’avoir un retour très utile des participants sur la session pour faire évoluer la formation. Je peux même envisager de répondre à des demandes spécifiques si les inscriptions sont faites assez en avance afin de trouver les patients qui correspondent. À titre personnel, je suis pleinement satisfait de cette plate-forme française, au point d’élargir mon offre de formation.
INVIVOX : Comment voyez-vous l’avenir de la formation continue à l’ère du numérique?
Dr B. NAPOLÉON : Le numérique va permettre d’interagir plus facilement, mais je ne pense pas qu’il puisse se substituer à la formation pratique sur site. Il va occuper une autre place, utile aussi.
INVIVOX : L’intelligence artificielle ne va-t-elle pas totalement transformer votre spécialité ?
Dr B. NAPOLÉON : À partir du moment où c’est l’opérateur qui génère l’image, l’intelligence artificielle ne peut qu’aider à l’interpréter. Dans notre métier, elle apportera des « plus » mais elle ne pourra pas prendre la place de l’opérateur. Générer des images correctes et interprétables en écho-endoscopie est un vrai challenge médical.